Actualités des livres     
 

Le jardin en hommage à Jacques Prévert

   
Auteur : Marianne Lavillonnière
Photographies - Illustrations : Marianne Lavillonnière
Editeur : L’arbre à soi
Date de dépôt : juin 2010

Comme l’indique une pancarte du jardin en hommage à Jacques Prévert* à Saint-Germain-des-Vaux (Manche), « La première fonction d’un jardin, c’est donner du bonheur et de la paix pour l’esprit ». Cette phrase à elle seule résume la fonction de ce lieu situé au creux de la vallée des Moulins. Plein de charme et de poésie, il a séduit Marianne Lavillonnière, photographe, journaliste de jardins et surtout, co-rédactrice en chef avec son époux Philippe Loison, de la revue trimestrielle « L’art des jardins » relatant toute la diversité du monde du jardin d’aujourd’hui. En 2003, elle rédige un texte au sujet de ce jardin qui donne aujourd’hui naissance à un petit livre reflétant le charme du site, « loin d’être un jardin ordinaire », comme elle le dit. C’est aussi « un jardin de mots ». En effet, des citations du poète, tels les vers de la chanson de Prévert et Kosma, « Les feuilles mortes », sont reportées sur des murs, ardoises ou panonceaux. Elles sont l’œuvre de Gérard Fusberti qui a aménagé, trois ans après la mort du poète, ce terrain appartenant à ses parents en jardin dans le dessein d’en faire un lieu le plus naturel possible avec des plantes aimées de Jacques Prévert. Ce dernier s’installe en 1971 à quelques kilomètres de là, à Omonville-la-Petite (Manche), où il vécut et mourut. Gérard Fusberti, alors antiquaire à Goury, se lie d’amitié avec le poète et l’aide à dénicher sa maison.

Depuis 1985, Gérard Fusberti se consacre entièrement à ce jardin rythmé par le bruissement des eaux de la Buhotellerie. Ce cours d’eau est enjambé par plusieurs petits ponts rustiques en bois, peints de couleur rouge, la préférée de Jacques Prévert, symbolisant la vie, le sang, l’énergie… A ces ponts rouges s’opposent ou plutôt s’harmonisent les feuillages géants des Gunnera provenant du jardin botanique du château de Vauville* à Beaumont-sur-Hagues (Manche). Ils semblent ici chez eux et donnent au jardin du caractère en constituant son décor. Rien de surprenant à cela, sachant qu’ils ont été plantés par le grand ami et voisin du poète, le décorateur Alexandre Trauner. En effet, afin d’y laisser leurs empreintes, les proches du poète ont été invités à planter leur plante préférée, comme le tilleul de Robert Doisneau, l’aulne impérial de Jacqueline Picasso, l’euphorbe de Marcel Carné, les hortensias de Barbara, le rhododendron rouge de Juliette Greco, le bouleau rose de Mme Chaplin, les pins d’Yves Montand, la viorne blanche de Janine Prévert et le genévrier de Minette Prévert. Un bien bel hommage pour celui qui avait publié en 1967 un recueil intitulé « Arbres ».

Comme l’écrit Marianne Lavillonnière, il s’agit bien d’« un jardin fait d’amitié et de souvenirs », ce qui ne veut surtout pas dire un jardin triste et statique, mais au contraire vivant et évoluant au gré des créations de Gérard Fusberti, du déplacement des poèmes et des herbes folles « en mouvement ». D’ailleurs ce jardin est détenteur du label « jardin remarquable », décerné par le Ministère de la culture et de la communication sur des critères de composition, d’intégration dans le site, de qualité des abords, d’intérêts botanique et historique, d’entretien et de gestion.

Après ce parcours du jardin, l’ouvrage propose un inventaire de ses plantes, étayé par des conseils de plantations permettant aux lecteurs de se rendre compte si la plante appréciée est bien adaptée à leur propre jardin, avec des propositions de substitution. Au sein de la palette des plantes recensées figurent les graminées, les joncs, les euphorbes, les primevères, les azalées, les fougères comme les osmondes royales, les Hydrangea, les bambous, les palmiers, les lins de Nouvelle-Zélande, sans oublier les arbres emblématiques et bien sûr les Gunnera.

L’ouvrage s’achève par une biographie et présentation des œuvres de Jaques Prévert depuis sa naissance à Neuilly-sur-Seine (Hauts-de-Seine) le 4 février 1900, jusqu’à la sortie du film de Paul Grimault « Le roi et l’oiseau » (1980). Enfin, un plan du jardin permet de repérer la serre, la pépinière, les ruines du moulin à blé du XVIe siècle, la cascade et surtout les principales plantes, et donne des informations pratiques à l’usage du visiteur.

Ce jardin est un hommage à un poète et ce livre un hommage à ce jardin. Au fil des mots, des phrases et des prises de vue, la poésie est à son tour au rendez-vous, comme si Prévert devenait une muse pour Gérard Fusberti et Marianne Lavillonnière. Ces textes constituent une ode à un site à découvrir. Alors, cap sur le Cotentin, pour s’imprégner des vers et des verts et acquérir le livre en vente sur place. Il constitue un souvenir de la visite, permet de se rappeler son histoire, de garder le plan du jardin, de se remémorer les noms des plantes croisées au pied d’un pont rouge ou près d’une ardoise manuscrite.

Pour se replonger dans l’univers de Jacques Prévert, il est aussi possible de se laisser guider par la lecture de « Paroles » et d’« Arbres ».


* Plus d’informations

Pour en savoir davantage sur les jardins cités dans cette notice, il suffit d’un simple clic sur les liens suivants :

Jardins en hommage à Jacques Prévert

Jardin botanique du château de Vauville


 
80 pages - 18.00 €
     
   
   
   
 
   
 
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