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Herbarius, 12 graines

   
Auteur : Miguel Chevalier & Jean-Pierre Balpe
Editeur : Rhinoceros jr
Date de dépôt : mai 2009

Artiste contemporain reconnu sur la scène internationale, Miguel Chevalier a choisi l’informatique depuis 1978 comme unique moyen d’expression. Il l’utilise dans son travail à la fois expérimental et pluridisciplinaire. Né en 1959 à Mexico, il vit et travaille aujourd’hui en Ile-de-France. Parmi ses thèmes de prédilection, figure la nature et en particulier les plantes. Il les déstructure pour créer et animer des fleurs virtuelles qui bien qu’artificielles, arborent cependant des aspects des plus naturels, mais aussi vivants. Ce sont les « Fractal flowers », plantes virtuelles poussant et réagissant aux mouvements du public et semblant ainsi lui faire des révérences car, outre le caractère virtuel de son imagerie, elle est également interactive. A ce titre, Miguel Chevalier est aujourd’hui considéré dans le monde des arts plastiques comme un pionnier de l’art numérique. Il a imaginé en collaboration avec l’écrivain, poète et chercheur dans la relation entre littérature et informatique, Jean-Pierre Balpe, l’« Herbarius 2059 ». Cet herbier d’un genre particulier, est une création de réalité virtuelle possédant encore l’aspect d’un livre mais y alliant cependant avec inventivité l’imagerie numérique. Ainsi sur les pages que le visiteur lecteur peut tourner à volonté, des textes et images sont générés en temps réel. Ce prototype de la bibliophilie du XXIe siècle a été imaginé pour le Salon International du Livre Ancien de juin 2009 en partenariat avec la librairie Serge Plantureux (Paris) et la librairie de Sèvres (Paris) et s’étant déroulé dans le cadre du Grand Palais (Paris). Il était à nouveau visible au sein du Musée de la Chasse et de la Nature dans le cadre de l’exposition « Fractal Flowers in vitro 2009 » du 22 septembre 2009 au 3 janvier 2010 dans la salle d’exposition temporaire, complétée par des tirages numériques dans la salle de l’Animal contemporain. Cet herbier est inspiré de « De materia medica » de Dioscoride (Ier siècle), compilé en latin au IVe siècle, puis traduit et recopié à plusieurs reprises jusqu’à une première version imprimée en 1481. Il étudiait 131 plantes, leur usage médical et leurs utilisations. Dans la version de Miguel Chevalier, il comporte 12 feuillets blancs sur lesquels sont projetées autant de fleurs fractales, correspondant aux 12 signes du zodiaque, se dénommant Pychsellis Vipérine (pour le bélier), Oxalis de Thalès (pour le taureau), Trifolia Sadica (pour les gémeaux), Purple Haze Artifilis Femina (pour le cancer), Alchemille dentelée dite de Faust (pour le lion), Dracocéphale de la Vierge (pour la vierge), Reographia Lucifera sive magnetica (pour la balance), Pixacantha Baudelairis (pour le scorpion), Lilus Arythmeticus dit d’Euclide (pour le sagittaire), Polygonum bursa-pastoris seu Aristotelica Robusta (pour le capricorne), Silène luminaris sive Muflier de Borgès (pour le verseau) et Bella Donna sive Linnius Hypericum Digitalis (pour les poissons). Les planches botaniques de cet herbier virtuel sont des animations extraites de « Fractal flowers ». Grâce à un logiciel inédit conçu spécifiquement pour l’artiste par Cyrille Henry, Miguel Chevalier met en forme des plantes se développant de manière aléatoire suivant un principe génératif et interactif, dit GVR (Generative Virtual Reality). Ainsi chaque plante évolue sous les yeux du lecteur depuis la graine autonome jusqu’à sa taille adulte, grandissant, s’épanouissant puis se ressemant. En effet, son image est générée en temps réel. Sur la page lui faisant face, des textes de Jean-Pierre Balpe sont, de la même manière, autonomes et créés grâce à un logiciel générateur automatique d’écriture. La description faite est donc imaginaire avec des textes générés à l’infini, se renouvelant sans cesse et toujours en temps réel. Les sources utilisées pour le texte ont été puisées dans des écrits scientifiques couvrant une large période allant du XIVe siècle à nos jours. Par ses racines, cet herbier s’inscrit dans la tradition, mais par la technologie qu’il nécessite, il se révèle d’une nature radicalement moderne. Les images de Miguel Chevalier génèrent des plantes imaginaires voire crédibles aux couleurs vives et formes variées dont l’aspect stylisé n’est pas sans rappeler les cristaux de roche et autres prismes. Dans ce petit fascicule, sont repris les principes de l’« Herbarius 2059 » en version bilingue (français et anglais) puis les 12 plantes sont présentées à chaque fois sur deux pages, une avec l’image en couleurs de ladite fleur et en vis-à-vis le texte généré correspondant. Chaque texte reprend le signe du zodiaque associé, mais aussi la date et l’heure de création de ce texte. En effet, dans le cadre de l’« Herbarius 2059 » original, chaque texte est généré dès que la page précédente est tournée. Ainsi les douze textes sélectionnés sont une manière d’en immortaliser quelques-uns parmi tous ceux que le logiciel crée. La douzaine de textes sélectionnés a été produite les 24 et 25 mai 2009. Ces descriptions reprennent des noms scientifiques et des considérations botaniques, morphologiques, médicinales et culinaires. Il y est fait référence à des personnages (Dioscoride, Johann Strauss, des Ouzbèques…) ou encore à des lieux géographiques [Alexanderplatz à Berlin (Allemagne), le palais des Congrès de Cannes (Alpes-Maritimes), le Sacré cœur de Montmartre (Paris), palais de l’Escorial (Espagne) ou encore les jardins de Géorgie]. Il est notamment révélé que la « Reographia Lucifera sive magnetica » est l’emblème des veilleuses de nuit. Les habitués de la botanique seront sans doute déroutés à la découverte du glaïeul granuleux ou du salsifis acéphale, ou encore par la lecture des descriptions, mais ce petit ouvrage doit surtout être considéré comme un exercice de style alliant les techniques informatiques aux qualités littéraires et sans doute poétiques, poésie se retrouvant dans les images de Miguel Chevalier. Si ce sont d’abord des fleurs stylisées, il faut aussi y voir des constructions géométriques (rappelant parfois les spirales des chaînes polynucléotidiques de la molécule d’ADN), des alignements de cristaux, des spirales… Les dernières pages illustrent quelques pages de l’« Herbarius 2059 » en situation lors des expositions au public. Enfin, l’ouvrage s’achève par deux courtes biographies de Miguel Chevalier et Jean-Pierre Balpe.

Il est à noter qu’à l’occasion de l’exposition « Fractal Flowers in vitro 2009 » au Musée de la Chasse et de la Nature une autre publication a vu le jour : « L’herbier » de Jean-Pierre Balpe et Miguel Chevalier (Le promeneur, collection « Le cabinet des lettrés », 2009).



© Conservatoire des Jardins et Paysages / avril 2010

 
48 pages - 5.00 €
     
   
   
   
 
   
 
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