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Jardins parisiens à la Belle Epoque, photographies Séeberger frères

   
Auteur : Jean-Paul Brighelli & Claude Malécot
Photographies - Illustrations : Séeberger frères
Editeur : monum, éditions du patrimoine
Date de dépôt : mars 2004

En 2004, sortait ce magnifique album de photographies en noir et blanc des frères Séeberger apportant un passionnant témoignage sur les années entourant 1900 au sein des jardins de Paris. Devant son succès, il fait aujourd’hui l’objet d’une réimpression avec une nouvelle couverture représentant des enfants en pleine bataille de boules de neige dans une allée du jardin du Luxembourg*. Réalisés pour une commande de cartes postales, ces clichés illustrent au sein de cet album, l'art et l'entretien des jardins publics, mais aussi la mode vestimentaire (ombrelles, traînes, uniformes, costumes marins, hauts-de-forme, canotiers…). Les frères Jules (1872-1932), Louis (1874-1956) et Henri Séeberger (1876-1947), dessinateurs d’origine, se sont illustrés dans la carte postale, la mode et la publicité. Cet album présente une sélection de plus d’une centaine de photographies sélectionnées et annotées par Claude Malécot, historienne de la photographie. Dans l’introduction, l’agrégé de lettres Jean-Paul Brighelli, revient sur l’obsession de ces frères de fixer sur plaque sensible tout Paris au sein duquel les parcs occupent une place privilégiée. Il retrace une petite histoire de la photographie en passant par le mot « photographie » (1834), l’abréviation « photo » (1878), des figures emblématiques comme Jacques Daguerre (1787-1851) ou Eugène Atget (1856-1927), sans oublier les réactions parfois tranchées avec l’arrivée de ce qui n’est pas encore considéré comme un art à l’instar de Charles Baudelaire ou d’Eugène Delacroix. Le qualificatif d’œuvre d’art arrivera dans les années 1920 avec le procédé instantané mis au point par Eastman car les différents aspects techniques sont aussi succinctement passés en revue. Le travail des frères Séeberger est influencé par celui des impressionnistes tels Camille Corot ou Gustave Caillebotte qui ont en commun avec les photographes de prendre les parcs parisiens pour sujets. Les Séeberger sont parmi les premiers à avoir compris que la carte postale était vouée à un brillant avenir et après Paris, ils travailleront dans la France entière. Leurs photographies se caractérisent par un certain académisme des prises de vues destinés à présenter aux provinciaux l’esthétique bourgeoise parisienne et les vues de jardins ont souvent en commun d’avoir cadrage formé par les arbres et de comporter des passants soigneusement positionnés. Jean-Paul Brighelli dresse également un inventaire des parcs et jardins à l’appui d’une littérature inspirée notamment par des œuvres classiques comme « Le temps retrouvé » de Marcel Proust (1927), « La répétition ou l’amour puni » de Jean Anouilh (1950), « Aurélien » de Louis Aragon (1945), « L’éducation sentimentale » de Gustave Flaubert (1869), « Les diaboliques » de Barbey d’Aurevilly (1874). Claude Malécot insiste, quant à elle, sur le travail des frères Séeberger réuni ici à partir des séries « Paysages parisiens du bois de Boulogne et du bois de Vincennes » (1906), « Jardin du Luxembourg » (1907), « Jardin des Plantes » (1907). Elle argumente ses commentaires à partir des témoignages des frères Séeberger en révélant qu’ils furent témoins de la reconversion du Trocadéro en promenade publique, de la restauration de la Naumachie du parc Monceau, de la transformation de la fontaine Médicis au jardin du Luxembourg.

Les photographies sont ensuite présentées, souvent en pleine page, suivant les chapitres respectivement dédiés au jardin du Luxembourg, au jardin des Plantes, aux jardins de la rive droite et enfin à ceux en dehors des murs de Paris. Décors d’instants privilégiés de prospérité et de paix, les jardins photographiés à la Belle Epoque et dévoilés ici sont le jardin du Luxembourg, le jardin des Plantes*, le parc Monceau*, le jardin du Trocadéro*, le jardin des Tuileries*, les jardins de l’avenue Foch qui s’appelait encore l’avenue « de l’Impératrice », le parc des Buttes Chaumont*, le bois de Boulogne*…

Le éléments de décoration de ces jardins sont dévoilés ainsi que leur état au début du siècle passé : statues, bacs à orangers, bornes-fontaines, kiosques à musique ou encore les célèbres chaises du Luxembourg qui pour la plupart sont encore en bois. Masi c’est jardins sont avant tout des lieux de vie appréciés par les nourrices venant avec leurs landaus, les promeneurs au volant de leur voiture et d’autres encore venus faire un tour en barque. Les jardins sont aussi le cadre d’activités lucratives à l’instar des marchandes et marchands de jouets, de ballons, de moulinets, de pains d’épices, de cartes postales, sans oublier les chaisières. D’autres lieux sont de véritables attractions comme la ménagerie avec ours, éléphants, chèvres, dromadaires et zèbres. Les serres sont appréciées et notamment par les élèves des Gobelins. Quant aux deux baleines du muséum, elles ont été remplacées aujourd’hui par le café restaurant « La baleine ». Autres activités de ces jardins, les jeux sont au cœur des allées et es pelouses comme le badminton, le croquet, les attelages à l’instar d’une promenade en voiture tirée par une autruche au jardin d’Acclimatation. D’autres divertissements ont séduit les photographes comme les concerts, les sorties à l’hippodrome de Longchamp ou encore l’étonnante fête des fleurs au bois de Boulogne en juin 1907 et 1909 avec des voitures complètement recouvertes de fleurs. Ces photographies entraînent le lecteur, voire le spectateur, au cœur de la capitale élégante où hommes, femmes et enfants, tous coiffés de chapeaux, viennent paraître dans les jardins. Dans la cour Napoléon du Louvre, il y a des arbres constituant le cadre du square La Fayette, ignorant encore que quatre-vingts ans plus tard une pyramide de verre les supplanterait, elle-même célébrant ses vingt ans cette année. En cette Belle Epoque, une sensation de bien-être se ressent dans l’ambiance des promenades quand s’exprime la joie des enfants avec leurs cerceaux, devant un spectacle de guignol ou en faisant voguer des petites bateaux sur un bassin. En complément de l’image, des témoignages écrits sont retranscrits au fil des pages avec des textes signés de Louis Aragon, Paul Fort, Anatole de France, André Gide, Joseph Kessel, Paul Morand, Rainer Maria Rilke, Jules Romain…

Lieu de week-ends en famille, la banlieue est aussi illustrée avec la cascade du domaine national de Saint-Cloud* (Hauts-de-Seine) et les grandes eaux du parc de Versailles* (Yvelines), où une photographie montre une impressionnante foule couchée dans l’herbe du tapis vert, scène impensable aujourd’hui. Les archives photographiques réunies dans ce magnifique album constituent un admirable témoignage par l’image du paysage et de la vie des jardins parisiens il y a un siècle. La carte postale est ici magnifiée au rend d’archives et la photographie au rang d’art, comme tente de le démontrer l’ensemble de la collection « Photographie » de monum, éditions du patrimoine.

* Plus d’informations

Pour en savoir davantage sur les jardins cités dans cette notice, il suffit d’un simple clic sur les liens suivants :

Jardin du Luxembourg

Jardin des Plantes

Parc Monceau

Jardin du Trocadéro

Jardins des Tuileries et du Carrousel

Parc des Buttes Chaumont

Bois de Boulogne

Domaine national de Saint-Cloud

Domaine de Versailles et de Trianon



© Conservatoire des Jardins et Paysages / mai 2009

 
160 pages - 30.00 €
     
   
   
   
 
   
 
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