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Mémoires d’un jardinier, un siècle d’aventure horticole

   
Auteur : Guillaume Pellerin & Cléophée de Turckheim
Editeur : Aubanel
Date de dépôt : octobre 2008

Si les ouvrages sur les jardins sont nombreux, ceux sur les jardiniers sont plus rares. La volonté des auteurs avec ce livre est justement de rendre hommage au beau métier de jardinier. Il est rédigé par un fils de jardinier, un amoureux des jardins, Guillaume Pellerin, architecte-paysagiste et de son épouse Cléophée de Turckheim, notamment collaboratrice du magazine « Coté Ouest » pour la rubrique « jardin ». Ils sont les heureux propriétaires du jardin botanique du château de Vauville* à Beaumont-sur-Hagues (Manche). Lui est un grand collectionneur passionné d’outils de jardin, à tel point qu’il a dans ses cartons le projet d'un futur Musée national des Outils de jardin à Vauville. Quant à Cléophée, elle a dirigé pendant douze années « Jardins imaginaires », première boutique parisienne entièrement consacrée aux antiquités de jardin et à l’art de vivre à la campagne. Ce sympathique couple de jardiniers relate donc au fil des pages l’aventure horticole du milieu du XIXe siècle, époque de l’avènement des jardins publics sous Napoléon III, de l’action du baron Haussmann et d’Adolphe Alphand, mais aussi d’un besoin et d’un attrait pour les jardins urbains notamment en banlieue. La demande de jardiniers compétents est alors réelle autant pour les jardins publics que privés. C’est pourquoi les auteurs reviennent en détail sur la profession de jardinier. La tradition est issue d’un savoir transmis par les traités d’horticulture à l’instar de la « Théorie et pratique du jardinage » (1747) de Dezallier d’Argenville ou du célèbre ouvrage « Le bon jardinier » paru pour la première fois en 1755. Que ce soit de père en fils, par le biais d’institutions religieuses ou par celui de l’apprentissage, la formation de jardinier est en pleine explosion. Ce siècle verra même la création par les Rothschild d’une école à Ferrières (Seine-et-Marne) en 1860 pour la formation de leurs jardiniers ou en 1873, celle de l’Ecole nationale supérieure d’horticulture. Le jardin est aussi objet de science et passion sans oublier les apports dus aux échanges issus des colonies. Les botanistes voyageurs et l’impératrice Joséphine ont ainsi participé à l’évolution des jardins en France et donc aux pratiques du jardinage. Cette époque est donc aussi celle du développement des serres dans les jardins botaniques à l’instar du parc de la Tête d’or* à Lyon (Rhône), du jardin des Plantes* (Paris), sans oublier la renommée internationale du Crystal Palace conçu par sir Joseph Paxton lors de l’exposition universelle de 1851 au sein de Hyde park à Londres (Angleterre).

Les pratiques horticoles évoluant, les variétés se diversifient et les productions offrent de plus en plus de variétés à l’instar de la prestigieuse maison Vilmorin, à tel point que des cartes postales les présentant ont été éditées. Comme le dit un dicton « C’est à ses outils que l’on reconnaît un bon ouvrier », un chapitre de ce livre est à ce propos dédié aux outils de jardiniers qui ont évolué simultanément aux techniques comme le sécateur inventé par le marquis de Moneville (vers 1820) ou la tondeuse à gazon (1830). Les serres, comme dit précédemment, se développent grâce aux progrès de la métallurgie et de la fabrication d’un verre laminé lorrain. Jardins d’hiver et méthode Thomery pour la conservation du raisin font aussi partie des étapes clefs de l’histoire du jardinage. Certains jardins sont également caractéristiques de ce siècle comme la roseraie de l’Haÿ (Val-de-Marne) qui valu à cette ville d’ajouter à son patronyme « les Roses ». Elle est devenue aujourd’hui la roseraie départementale du Val-de-Marne*. Les Hortillonnages à Amiens (Somme) sont un autre exemple de l’histoire des jardins du XIXe siècle. En parallèle, les jardins sont marqués par une mode pour les constructions à l’instar du parc Monceau* (Paris), du parc de la Garenne Lemot* à Gétigné (Loire-Atlantique), du parc oriental de Maulévrier* (Maine-et-Loire), du Palais idéal du facteur Cheval* à Hauterives (Drôme) ou des Folies Siffait au Cellier (Loire-Atlantique).

Un chapitre est entièrement consacré à la vie des horticulteurs, des maraîchers, producteurs, pépiniéristes, des marchands de 4 saisons, des fleuristes, des modistes… La dernière partie du livre est consacrée aux concours et fêtes (expositions et comices agricoles, fêtes des légumes et des fleurs, carnavals, corsos fleuris et, bien sûr, les expositions universelles).

La remarquable iconographie, souvent en pleine page, est constituée de reproductions de gravures, cartes postales anciennes, prospectus, manuels, catalogues, publicités, sachets de graines, médailles horticoles, photographies d’époque et documents très rares, à l’instar d’un brevet de jardinier signé de la main du duc d’Orléans (futur Louis-Philippe) ou d’une carte postale ancienne colorisée représentant le pavillon de l’horticulture de l’exposition universelle de 1900. Les images d’archives permettent aussi grâce à des photographies anciennes d’imaginer l’aspect passé de jardins tels que le jardin du Palais Royal* (Paris), le jardin des Tuileries* (Paris), le parc des Buttes Chaumont* (Paris), sans oublier le domaine de Versailles et de Trianon* (Yvelines). Elles relatent aussi diverses pratiques horticoles telles que les formes spiralées d’arbres fruitiers, les hybridations des plantes en serres, la pollinisation, la récolte de la fleur d’oranger par de la main-d’œuvre féminine… Les photographies d’outils agrémentent aussi le discours du livre comme le cueille-rose, la serpette, les arrosoirs « de maraîcher », la bêche à curer, les cloches en verre (spécialité des horticulteurs français) ou encore la hache prise comme symbole de la jurande des jardiniers en 1556. Textes et photographies rappellent l’enseignement donné par la nature et sa domestication par l’homme au fil d’un siècle en pleine mutation dans ses techniques, ses goûts et ses besoins, que ce soit sur le plan de l’esthétique à l’exemple des fruits marqués ou encore celui de l’utilitaire avec l’apparition de l’arrosage par canalisations souterraines. Constituant « un album de famille de nos ancêtres jardiniers » en passant par les confréries de Saint-Fiacre, l’avènement des jardins publics ou les grandes familles d’horticulteurs, cet émouvant ouvrage constitue un hymne à la fois au métier de jardinier et à la passion du jardinage, du savoir-faire, de l’outillage et des traditions. Loin de la nostalgie, ces mémoires de jardinier sont aussi belles à lire qu’à regarder pour retrouver les racines de tous les adeptes du jardinage.

* Plus d’informations

Pour en savoir davantage sur les jardins cités dans cette notice, il suffit d’un simple clic sur les liens suivants :

Jardin botanique du château de Vauville

Parc de la Tête d’or

Roseraie départementale du Val-de-Marne

Parc Monceau

Parc de la Garenne Lemot

Parc oriental de Maulévrier

Palais idéal du facteur Cheval

Jardin du Palais Royal

Jardins des Tuileries et du Carrousel

Parc des Buttes Chaumont

Domaine de Versailles et de Trianon



© Conservatoire des Jardins et Paysages / novembre 2008

 
160 pages - 35.00 €
     
   
   
   
 
   
 
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