L'Herbier du Roy

Organisée conjointement par la Réunion des musées nationaux (rmn) et le Muséum national d’histoire naturelle, une exposition se déroulant du 22 octobre 2008 jusqu’au 19 janvier 2009 dans le cadre du cabinet d’histoire (ouvert depuis le 1^er février 2008) du jardin des Plantes* (Paris), a pour thème « L’herbier du Roy ». Sous ce qualificatif, il s’agit de présenter le projet inachevé de la « Grande histoire des plantes » initiée par Claude Perrault (1613-1688), frère de l’écrivain Charles Perrault, et Denis Dodart (1634-1707), botaniste et médecin du roi. Claude Perrault, architecte (notamment de l’aile Est du palais du Louvre) et médecin anatomiste, avait donc à cœur de mener cet ambitieux projet de réaliser une somme des connaissances en matière de botanique, illustrée de gravures, mais cette encyclopédie n’a jamais été publiée en raison d’une rivalité entre l’Académie royale des sciences et le jardin royal des plantes médicinales. Trois cents planches dues aux plus grands graveurs et dessinateurs [Nicolas Robert (1614-1685), Abraham Bosse (1602-1707) et Louis de Châtillon (1639-1734)] sont donc restées dans l’ombre. C’est bien là tout l’intérêt de cette petite exposition permettant de découvrir quatorze estampes du XVII^e siècle (conservées au Muséum) et des tirages modernes imprimés sur les presses de l’atelier de chalcographie (conservation de plaques de cuivre gravées permettant le tirage d’épreuves) du musée du Louvre. Les deux salles permettaient d’apprécier également quelques plaques de cuivre.

Edité par la rmn, ce livre entoilé dont la parution est à l’origine de l’exposition est dû à Alain Renaux, ethnobotaniste, travaillant au Centre d’écologie fonctionnelle et évolutive du CNRS de Montpellier (Hérault). Cette publication est une occasion encore plus saisissante que l’exposition de prendre conscience de l’aspect qu’aurait adopté ce qui aurait dû être le plus savant livre de botanique jamais publié. Néanmoins, Denis Dodart publia en 1676 les textes et les planches alors achevés sous le titre « Mémoires pour servir à l’« histoire des plantes » », seule publication jamais parue. Alain Renaux revient dans son avant-propos sur les étapes de cette « Grande histoire des plantes » inachevée. Ensuite, cinquante-huit plantes sont présentées. La planche aquarellée, qu’elle soit gravée par l’atelier de chalcographie du Louvre ou qu’elle soit reproduite à partir d’une planche gravée et aquarellée durant le règne de Louis XIV, fait donc face à une page de texte précisant l’histoire de ces espèces, leur nom avec description ainsi que leurs vertus connues, notamment à l’appui de données pharmacologiques récentes et d’enquêtes ethnobotaniques. Les planches aux qualités esthétiques indéniables et aux couleurs fidèles démontrent l’importance du détail et la minutie accordées par les dessinateurs et graveurs à leur ouvrage scientifique. Pour s’en convaincre, il suffit de s’attarder sur les planches consacrés à Aconitum napellus, Aesculus hippocastanum, Anemone nemerosa, Aster novi-belgii, Campsis radicans, Gentiana acaulis, Helianthus annuus, Leucojum aestivum, Lilium candidum, Lunaria annua, Melocactus, Mandragora officinarum, Narcissus pseudonarcissus, Passiflora coerulea, Solidago sempervirens… La lecture de ces pages permet de mieux comprendre l’état des connaissances botaniques sous le règne du Roi-Soleil.

Il est à noter qu’outre ce livre, la rmn a réédité une série de quatre gravures (narcisse, tulipe, lis blanc et Lilionarcissus) ainsi qu’un coffret de quatre assiettes, des coupelles et un plat à gâteau en faïence de Gien, en vente dans ses boutiques.

* Plus d’informations

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Jardin des Plantes