Les plantes qui puent, qui pètent, qui piquent

Elles puent, pètent, mais aussi saignent, coulent, collent, poissent, crachent, pleurent, se cramponnent, piquent, brûlent, griffent et blessent. « Elles », ce sont les plantes et elles sont associées à des verbes qui amuseront à coup sûr les enfants à partir de 8 ans, mais aussi les adultes car derrière ce langage bien familier, cet ouvrage se révèle être un outil didactique et précieux pour connaître les différents artifices et processus imaginés par la nature pour que les plantes se protègent ou encore attirent leurs pollinisateurs. Derrière ce titre humoristique, se cache en réalité un livre des plus sérieux présentant une trentaine de plantes communes de nos jardins ou de nos prairies tout en démontrant que certaines plantes dites « mauvaises » ne le sont peut-être pas autant que cela. Les auteurs sont deux passionnés du règne végétal et notamment des arbres fruitiers et ont déjà signé ensemble plusieurs titres de la collection « Le nom de l'arbre » chez Actes sud. Dans cet album, ils consacrent neuf chapitres différents avec chacun pour thème un des stratagèmes mis en œuvre par les plantes (saigner, couler, puer, coller…). En dernière partie, neuf autres plantes sont plus brièvement traitées selon ces mêmes critères, mais de façon moins détaillée, comme une odeur forte, à l’instar de celle de beurre rance des fruits du Ginkgo biloba femelle ou comme le piquant des feuilles de houx. Au fil de l’ouvrage, des doubles pages sont dédiées à des plantes facilement reconnaissables comme l’euphorbe épurge (Euphorbia lathyris), le figuier de Barbarie, la garance sauvage, la grande éclaire (ou grande chélidoine), le pissenlit… Sur la première page, figurent à côté d’un dessin fidèle sur le plan botanique, le nom courant, mais aussi le nom scientifique et les autres dénominations vernaculaires. Sur la page de droite, la plante est décrite ainsi que son « artifice » mis en valeur et surtout une rubrique « le saviez-vous ? » fournit une anecdote précieuse à son sujet, toujours dans un style clair et didactique. Il est ainsi révélé que les épines du févier servaient de clous dans la construction des canoës des indiens ou que les paysans nordiques utilisaient autrefois des rameaux de genêt pour fabriquer leurs chaussures. Pour égayer le discours pratique, des dessins type « bande dessinée » signés du dessinateur naturaliste Yann Le Bris, collaborant notamment à la revue la Salamandre, apportent la dose d’humour nécessaire à l’assimilation des informations par les jeunes enfants. Avec malice, il représente notamment un dromadaire faisant une bulle de chewing-gum, une momie, des squelettes amusants ou encore Tarzan. Par son talent et un coup de crayon expressif, Yann Le Bris arrive ainsi à faire passer des messages de manière plus ludique que les textes. Ses animaux (chèvres, crapauds, escargots, hirondelles, lapins, loups, taupes, vaches…) sont notamment très expressifs.

En trois mots, il s’agit d’une véritable « leçon de botanique » à la fois instructive et amusante grâce à laquelle les plantes a priori repoussantes susciteront sans doute davantage d’intérêt. Il est en tout cas évident à la lecture des pages que « la nature fait bien les choses » !