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Val Rahmeh

   
Auteur : Bernard Coutin
Photographies - Illustrations : Bernard Coutin
Editeur : Gallimard, collection « Carrés de jardin »
Date de dépôt : octobre 2007

Déclinée sous la forme de carnets d'aquarelles, la collection « Carrés de jardin » des éditions Gallimard est réalisée avec le soutien de la Fondation Gaz de France dont une des vocations est l'aide à la réhabilitation et à l'entretien de jardins publics et privés. Ces ouvrages rendent hommage aux principaux jardins de France ouverts au public, manière de sensibiliser à l'urgente nécessité de protéger la nature et au travail des jardiniers. Ce volume est consacré au Val Rahmeh, jardin botanique exotique*,« antenne d'acclimatation » du Muséum National d'Histoire Naturelle, abritant 1400 espèces végétales. Il est situé à Menton (Alpes-Maritimes), dont le slogan est « Menton, ma ville est un jardin ». Ce site contribue pour beaucoup à cette image.

Dans la première partie de l'ouvrage, Dominique Legrain, directeur de la collection, retrace l'historique de la propriété depuis 1895 lorsque Sir Percy Radcliffe (1874-1934), ancien gouverneur de l'île de Malte, acquiert la villa des Cerisiers, jusqu'à aujourd’hui avec la gestion et l’animation des lieux par le Muséum National d'Histoire Naturelle. Percy Radcliffe fait appel au paysagiste Ferdinand Bac pour redessiner le jardin. Celui-ci est alors planté de palmiers dattiers des Canaries (Phœnix canariensis), cyprès, citronniers et mandariniers. A la mort de l’épouse de Sir Radcliffe, prénommée « Rahmeh » (« vallon de la tranquillité » en indien), la villa des Cerisiers devient le « Val Rahmeh ». Dans les années 1930, il agrandit les bâtiments et donne la couleur ocre aux façades, pergolas et escaliers afin de se préserver de la chaleur. Le domaine est vendu en 1934. Plusieurs propriétaires se succèdent jusqu'à l'arrivée de « Mademoiselle » : Mary Campbell (1900-1982). Cette aristocrate anglaise excentrique est passionnée de fleurs et surtout de Datura. Outre ceux-ci, cette célibataire introduit dans le jardin bignones, sauges, cyclamens, narcisses et l’agrandit grâce à l'acquisition d'un terrain en contrebas. En 1966, elle vend l’ensemble au Muséum National d'Histoire Naturelle en obtenant le statut de « jardin botanique ». Aujourd'hui, il abrite des espèces menacées comme le Sophora toromiro (arbuste endémique de l'île de Pâques, aujourd'hui disparu de ce milieu d'origine) ou encore le cyprès du Tassili (Cupressus dupreziana), originaire d'Algérie. Il est riche de plantes tropicales originaires d'Australie, d'îles du Pacifique, d'Afrique, de Madagascar, de Chine, d'Inde, du Japon, d'Amérique centrale, d'Amérique du Sud, du Mexique. Il comporte 85 espèces de palmiers, des collections de bambous, des cycas, des Victoria regia (nénuphars géants à feuilles plates à bords relevés évoquant ainsi un moule à tarte). Les aquarelles de Bernard Coutin restituent cette richesse botanique notamment grâce à des dégradés de couleurs illustrant des fleurs comme celles d'Anthurium ou de Strelitzia. Un plan symbolique permet de situer les principales stations du jardin : le « sauvage », l'allée des Phœnix, les bambous géants, l'orangeraie, le potager, le bassin, les cédrats, la terrasse, la villa, l'accueil, la serre, l'oliveraie et les succulentes. La végétation du « Val Rahmeh » est exubérante et en parcourant les allées, il est difficile de se rendre compte en un seul coup d'œil de toute son étendue (11 000 m2). Grâce à une vue cavalière aquarellée, il devient aisé de repérer les plantes principales du site comme Dracæna draco (dragonnier des Canaries), Nelumbo nucifera (lotus sacré des Indes), Phœnix canariensis (premier genre de palmier à avoir été introduit sur la Côte d’Azur), Thunbergia grandiflora (thunbergie à grandes fleurs)… Les coups de pinceaux de l’aquarelliste mettent en valeurs plusieurs végétaux caractéristiques comme crinoles (Crinum x powellii), bambous jaunes, bananier (Musa basjoo), bougainvillées, plante crevette (Beloperone guttata), plante pop-corn (Cassia didymobotrya), yucca superbe (Yucca gloriosa)… Des fruits sont également représentés (avocat, bergamote, clémentine, orange douce, pamplemousse…). Le règne animal est aussi à l’honneur avec les chats ; Miss Campbell en possédait quatorze. D’autres détails du jardin illustrent les pages du livre comme la balustrade, le bassin tropical, la passerelle des jasmins permettant d'accéder au jardin d'eau depuis la terrasse, les serres ou encore les deux salles d'exposition. En effet, le jardin botanique exotique a aujourd’hui une vocation pédagogique et propose des stages pour élèves et étudiants mais procède aussi à des échanges de graines aux quatre coins du monde.

Le livre se poursuit par un chapitre sur le transport des plantes au temps de la marine à voile en rapport avec le thème de l'édition 2008 de « Rendez-vous aux jardins » (du 30 mai au 1er juin). Cette histoire passe par Christophe Colomb (1450 ou 1451-1506), Henri-Louis Duhamel du Monceau (1700-1782), Gabriel de Clieu (1687-1774), Nathaniel Bagshaw Ward (1791-1868)... Il est rappelé l'importance de ces expéditions qui permirent notamment de servir thé, café et chocolat au petit-déjeuner. Une page est aussi dédiée au tricentenaire de Buffon (1707-2007) avec un extrait de « De la manière d'étudier et de traiter l'Histoire naturelle » in « Histoire naturelle, générale et particulière, premier discours » (1749).

Ce carnet d’aquarelles se termine par le traditionnel chapitre des informations pratiques (localisation, accès, conditions de visite, visites guidées, bibliographie…). Dans la même collection, d'autres ouvrages sont également à apprécier suivant le même principe : « Les jardins de Villandry », « Notre-Dame d'Orsan », « Le potager du roi », « Les jardins ouvriers », « La Bambouseraie », « Le jardin de Claude Monet à Giverny », « Le parc de la Tête-d’Or » et « Le jardin de l’île de Batz ».

* Plus d’informations

Pour en savoir davantage sur le jardin cité dans cette notice, il suffit d’un simple clic sur le lien suivant :

Val Rahmeh, jardin botanique exotique



© Conservatoire des Jardins et Paysages / août 2008

 
74 pages - 18.00 €
     
   
   
   
 
   
 
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