Biblio (certains titres référencés peuvent être épuisés en librairie)     
 

Marie-Antoinette, une jeune fille dans l’arène

   
Auteur : Articles d’auteurs variés sous la direction de Bernard Mérigaud & Catherine Portevin
Editeur : Télérama, Hors-série
Date de dépôt : 2008

A l'occasion de l'exposition « Marie-Antoinette » se déroulant depuis le 15 mars jusqu'au 30 juin 2008 aux galeries nationales du Grand Palais, Le magazine hebdomadaire télévisuel « Télérama » consacre un hors-série à la plus emblématique des reines de France. Constamment dans l'actualité depuis le film « Marie-Antoinette » (2006) de Sofia Coppola avec dans le rôle-titre Kirsten Dunst, cette reine emblématique est devenue une sorte d'icône. Cette exposition rassemble plus 300 œuvres en provenance de toute l'Europe. Le rôle royal de la souveraine est trop souvent masqué par sa dite superficialité. Elle demeure associée à des dépenses somptuaires, à l’origine du courroux de ses sujets, alors que paradoxalement dans son hameau offert par le roi, elle jouait à la fermière afin d’oublier une étiquette trop pesante. Au fil des pages, Marie-Antoinette (1755-1793) est dévoilée côté cour puis côté jardins. Côté cour, une série d'articles retrace sa vie depuis l'enfance au palais de Schönbrunn à Vienne (Autriche) jusqu'à l'échafaud en passant par son mariage à 15 ans, l'affaire du collier, le surnom de « Madame Déficit », la Révolution, l'arrestation à Varenne, la Conciergerie... Tout ce parcours est illustré par des reproductions de gravures, portraits en peinture et la retranscription de lettres de Marie-Antoinette à sa mère et à son frère Joseph II, à Madame Elisabeth témoignant de sa vie à Versailles (Yvelines) ou de sa condition de prisonnière. L'une d'elles est écrite au comte Hans Axel de Fersen (la seule connue où elle évoque ses sentiments envers lui en le qualifiant comme « le plus aimé et le plus aimant des hommes »). La vie de la reine est retracée à travers le jeu et les divertissements, mais aussi les pamphlets et caricatures [harpie, cochon, monstre, poule « d'Autriche » (autruche)...]. Un chapitre revient sur les reines du pouvoir ayant marqué l'histoire de France comme Anne d'Autriche, Catherine de Médicis, Marie Leszczynska, Marie-Thérèse d'Autriche et bien sûr Marie-Antoinette.

« Côté jardins » revient sur le « style Marie-Antoinette » et notamment la mode. « Fashion victim » avant l'heure, Marie-Antoinette est associée à la mode grâce notamment aux compétences et au savoir-faire de Rose Bertin, sa styliste. A elles deux, elles élaborent un nouveau code vestimentaire avec de remarquables tenues et d’extravagantes perruques. Sur le plan des arts décoratifs, le mobilier (boîtes, fauteuils, chaises, tables, porcelaine...) est à son tour à l'honneur prouvant le niveau d'exigence et le goût de la souveraine. En effet, la reine aimant les fleurs, les perles et la dorure, vit dans un univers raffiné. Elle a aussi une passion transmise par sa mère pour les objets orientaux. Quant au théâtre de Trianon, il est désormais ouvert au public après une belle restauration mettant en valeur un décor baroque réhabilité à partir de 2001 grâce à un mécénat américain.

Les amateurs de jardins apprécieront tout particulièrement « La faucille et le marteau », article écrit par Alain Baraton, jardinier en chef du domaine national de Trianon et du grand parc de Versailles, notamment connu pour sa chronique hebdomadaire de jardinage sur France Inter (FM 87,8 en Ile-de-France) les samedis et dimanches de 7 h 40 à 8 h.

Le jardinier revient sur l'histoire du Petit Trianon* où Marie-Antoinette s'isole, donnant ainsi l'impression d'un certain désintérêt pour son peuple. A son arrivée à Versailles, le jardin botanique de Bernard de Jussieu où poussent dans les serres des plantes exotiques n'ont guère les faveurs de la jeune reine : « Je déteste tout ce qui est renfermé ; les fleurs sous verre, les oiseaux en cage me donnent envie de pleurer. » (cf. Légendes de Trianon, Versailles et Saint-Germain et autres contes, Julie Lavergne, 1876). Son goût pour la liberté (alors qu’elle perdra la vie comme symbole de la tyrannie), lui vaut un conflit avec Jussieu. De là naîtra son jardin champêtre selon la mode en cours. L'histoire du domaine sera marquée par des noms comme Richard Mique, le comte Riquet de Caraman et Antoine Richard. Le jardin sera planté de magnolias, lauriers, houx panachés, arbousiers, pins, juliennes, plantes à bulbes, rosiers grimpants, glycines... Des animations et fabriques égaieront peu à peu le décor : temple de l'Amour, grotte, rocher, jeu de bague (manège mû par des hommes et recouvert d'un parasol, les joueurs devant introduire une baguette métallique dans des anneaux), le hameau... Parmi le peu de personnes admises dans cet univers, Hans Axel de Fersen y apprécie persicaire, tulipier de Virginie, catalpa de l'Inde, érable, mélèze, arbre de Judée, cèdre, cytise et chêne (écrit de 1780). La reine, quant à elle, apprécie d'évoluer parmi moutons, canards, chèvres, oies et vaches. Au fil de cette histoire, d'autres jardins à Paris font de leurs temps l'actualité comme le parc de Bagatelle* et le futur parc Monceau*. Dans le cadre champêtre de son domaine, Marie-Antoinette vêtue d'une robe en coton et d'un chapeau de paille vit des heures insouciantes jusqu'au 5 octobre 1789 quand, alors qu'elle se reposait dans sa grotte, un messager du roi lui ordonne de rejoindre son époux, la Révolution étant aux portes de Versailles. Le jardin symbole de liberté prendra avec les événements suivants encore plus de sens.

Les deux dernières parties du hors-série abordent successivement la « dame de cœurs » et la « dame de piques ». La dame de cœurs revient notamment sur l'image de la reine depuis l'installation de son mythe avec d'abord le cinéma où elle est, avec Napoléon, l'un des deux personnages historiques du XVIIIe siècle les plus évoqués et bien davantage que Louis XVI. Dans la cinquantaine de films où ce personnage apparaît, le grand public se souvient notamment de Michèle Morgan, Viviane Romance, Norma Shearer, Lisa Delamare, sans oublier Kirsten Dunst. La littérature est aussi d’une grande richesse autour du personnage de Marie-Antoinette et en particulier au Japon au travers d'un manga, pays où depuis 2006 une comédie musicale lui a même été consacrée. Côté cire, Marie-Antoinette est toujours présentée au public de Madame Tussaud à Londres, alors qu'au musée Grévin de Paris les « peoples » ont depuis longtemps pris sa place, mais il se murmure que la reine pourrait y réapparaître. D'autres traces de survivance sont révélées au travers d'un fan-club avec des passionnés et de sites Internet dédiés à la reine. Enfin, illustrés par des dessins très graphiques de Betty Bone, le chapitre la « dame de piques » revient sur les détracteurs et défenseurs de la reine depuis le XVIIIe siècle à l'appui d'extraits littéraires de Jacques-René Hébert, Germaine de Staël, François-René de Chateaubriand, Sacha Guitry, Stefan Zweig... Son image est toujours vivante, y compris dans de récents articles du « Canard enchaîné ». Un entretien avec Robert Carsen, homme de théâtre canadien et scénographe de l'exposition du Grand palais clôt ce numéro passionnant dévoilant un peu plus la personnalité et la vie de Marie-Antoinette. Robert Carsen confie que la relation de la reine au théâtre au fil de sa vie a guidé son travail. Ce personnage l'a donc séduit dans son esprit de liberté et sa volonté de ruptures avec les conventions, c'est pourquoi il trace un parallèle avec les vies de Sissi et Lady Di, autres figures combien emblématiques.

Attention, s'agissant d'un hors-série, ce numéro ne peut se trouver qu'en maison de la presse ou dans un kiosque. Au-delà de sa période de parution, les internautes intéressés par son acquisition devront donc se rapprocher directement de l'éditeur. Pour d'autres lectures sur Marie-Antoinette, sont aussi conseillés les ouvrages figurant dans cette même rubrique Internet comme le n° 42 de « Maisons de campagne » (« Le hameau de Marie-Antoinette »), « Le style Marie-Antoinette » d’Adrien Goetz, « Marie-Antoinette à Versailles, le goût d’une reine » sous la direction de Bernadette de Boysson et Xavier Salmon, le hors-série de Connaissance des arts « Le domaine de Marie-Antoinette », « Le hameau de la Reine, une journée avec Marie-Antoinette » de Thierry Deslot, le hors-série du Figaro « Marie-Antoinette », « Marie-Antoinette, femme réelle, femme mythique » et « Passion L’Express n° 1 : Marie-Antoinette, une vie en rose et noir ». Pour mieux connaître celle qui incarne à la fois la jeune princesse, la reine, la mère et le martyre, une visite au Trianon est aussi un excellent complément tout comme celle de l'exposition « Marie-Antoinette » au Grand Palais.

* Plus d’informations

Pour en savoir davantage sur les parcs cités dans cette notice, il suffit d’un simple clic sur les liens suivants :

Domaine de Versailles et de Trianon

Parc de Bagatelle

Parc Monceau



© Conservatoire des Jardins et Paysages / mars 2008

 
100 pages - 7.00 €
     
   
   
   
 
   
 
w