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Groussay, château, fabriques et familiers de Charles de Bestegui

   
Auteur : Jean-Louis Remilleux
Editeur : Albin Michel, collection « Abécédaire des châteaux »
Date de dépôt : mai 2007

Le parc du château de Groussay* à Montfort-L’Amaury (Yvelines) est connu pour ses fabriques pittoresques ne datant pourtant que du XXe siècle. Il est aujourd’hui détenteur du label « jardin remarquable », décerné par le Ministère de la culture et de la communication sur des critères de composition, d’intégration dans le site, de qualité des abords, d’intérêts botanique et historique, d’entretien et de gestion. Le château est aussi un lieu remarquable à plus d’un titre, pour des raisons historiques, artistiques et symboliques. Pourtant depuis la célèbre vente aux enchères de Sotheby’s en 1999, l’avenir de ce lieu emblématique était incertain, mais son actuel propriétaire a pris le parti de l’ouvrir au public en 2000 et surtout d’engager un programme de restauration sur le château, les fabriques et le parc.

La collection « Abécédaire des châteaux » propose de découvrir un lieu au fil d'un alphabet dévoilant son patrimoine illustré par de très beaux clichés en couleurs de grands photographes. Pour Groussay, il est dévoilé depuis « A » comme Amour (le temple d'Amour) jusqu'à « Z » comme zoo. Il revient non seulement sur le patrimoine du lieu, mais aussi sur les personnalités liées à son histoire. A la lettre « B » figure évidemment Charles de Beistegui (1895-1970), célèbre esthète, figure emblématique du monde artistique, qui fut le créateur inspiré de ce lieu qu’il transforma avec un goût des plus sûrs. Issu d’une famille basque émigrée au Mexique où les mines d’argent sont à l’origine de sa fortune, Charles de Beistegui dit « Charlie » fit avec son frère un tour du monde dans lequel il renforça son goût pour l’art. Grâce à l’écrivain, membre de l’Académie française, Jacques de Lacretelle, il achète en 1938 à Montfort-L’Amaury le domaine du château de Groussay, d’une superficie de 30 hectares. Ce château que fit construire en 1815 la duchesse de Charost, fille de Madame de Tourzel (gouvernante des enfants de Marie-Antoinette et de Louis XVI), devient sa demeure et l’œuvre de sa vie. En qualité d’homme éclairé, Charles de Beistegui aimait davantage le décor théâtral plutôt que l’ennuyeuse authenticité des châteaux français. Ainsi, à Groussay, différentes pièces constituent des hommages à des époques ayant ses faveurs comme le XVIIIe siècle français, le XIXe siècle anglais ou l’Empire. Témoin de l’érudition artistique de cet homme, le théâtre de style baroque représente le chef-d’œuvre de son aménagement dans le château, inspiré par ceux de Bayreuth ou de Saint-Pétersbourg.

La lettre « V » évoque Venise, ville où Charles de Beistegui organisa le 3 septembre 1951 le célèbre « Bal du siècle » dans le palais Labia, dont il était alors propriétaire et qui est aujourd’hui occupé par le siège de la télévision RAI. Parmi les invités à ce bal figuraient entre autres des personnalités comme Orson Welles, Paul Morand, Christian Dior, Salvador Dali… Autre événement artistique « Le bal du comte d'Orgel », film de Marc Allégret (1970) avec Jean-Claude Brialy, Micheline Presle, Ginette Leclerc et Claude Gensac, fut tourné sur place et constitue ainsi un témoignage en couleurs des décors du château.

Au fil des lettres de l’alphabet déclinées dans ce livre, le château et les fabriques sont détaillés et expliqués sans oublier les familiers des lieux comme Cecil Beaton (1904-1980), Christian Bérard (1902-1949), Jean Cocteau (1889-1963), Paul Morand (1888-1976), Charles (1891-1981) et Marie-Laure de Noailles (1902-1970) ou encore Louise de Vilmorin (1902-1969). D’autres personnalités sont liées à l’histoire de Beistegui comme Le Corbusier (1887-1965), avec lequel les rapports sont rudes pour la réalisation de son appartement sur les toits des Champs-Elysées, et surtout les deux artistes chargés de mettre en œuvre ses idées pour Groussay et notamment ses fabriques : le peintre Alexandre Serebriakoff (1907-1980) et l’architecte Emilio Terry (1890-1969). « Fabrique » pour les Français ou « folie » pour les Anglais, ces constructions contribuent pour beaucoup à la beauté romantique d’un parc, n’en déplaise à l’abbé Delille (1738-1813). Une photographie intéressante montre la collection de leurs maquettes lors de la vente aux enchères de 1999. Celles qui ont donné suite à une réelle construction sont toutes détaillées sur les pages du livre comme la tente tartare et son étonnant décor de faïence de Delft, l'obélisque, la pagode chinoise, le pont palladien, la pyramide égyptienne, le théâtre de verdure… Le potager, les fleurs, les écuries ou encore l’orangerie sont d’autres éléments traités au fil des pages démontrant combien Groussay est un lieu à découvrir, marqué par un homme d’exception aux réelles qualités de décorateur et de metteur en scène, qui a marqué les arts décoratifs du XXe siècle.

* Plus d’informations

Pour en savoir davantage sur le parc cité dans cette notice, il suffit d’un simple clic sur le lien suivant :

Parc du château de Groussay



© Conservatoire des Jardins et Paysages / mars 2008

 
112 pages - 19.00 €
     
   
   
   
 
   
 
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