Les jardins et la pluie

Après avoir collaboré avec Noël Kingsbury pour le livre « Toits et murs végétaux » (2005), également présenté dans cette même rubrique Internet, Nigel Dunnett, travaillant au département Paysage de l'université de Sheffield (Angleterre), publie un autre ouvrage dans la même collection avec son collègue Andy Clayden, architecte paysagiste. Ils abordent avec « Les jardins et la pluie », le thème d'actualité de l'économie d'eau. Tom Liptan, coordinateur de la chaîne des pluies d'orage de la ville de Portland (Orégon, Etats-Unis) a beaucoup œuvré dans son travail pour la prise en compte des processus naturels dans l'aménagement d'une ville, où des « jardins de pluie » ont été créés. Il est, en quelque sorte, l'inspirateur de ce livre. Devant l'augmentation de la consommation importante de l'eau et surtout sa raréfaction, les interdictions d'arroser deviennent de plus en plus courantes. Il devient donc urgent, mais une importante majorité en est désormais convaincue, d'économiser l'eau. Le jardin devient un champ privilégié de la mise en œuvre d'une pareille démarche, dans un contexte de réchauffement planétaire. L'eau est en effet indissociable de l'univers de jardins et notamment pour ses atouts ludiques et esthétiques comme par exemple dans de lieux aussi mythiques que les jardins du Généralife à Grenade (Espagne) ou encore Central park à New York (Etats-Unis). L'utilisation raisonnée de l'eau est une préoccupation actuelle des gestionnaires d'espaces verts, à une époque où le développement durable devient une démarche environnementale quotidienne. Ces considérations concernent aujourd'hui aussi bien les jardins privés que les écoles, les parcs urbains que les jardins publics. Les « jardins de pluie » (utilisant exclusivement l'eau de pluie), pour lesquels les auteurs de ce livre militent, sont réalisés en creux, permettant ainsi de capter et de réutiliser cette eau précieuse. Ce livre aborde donc les façons les plus rationnelles de récupération de l'eau pluviale et de neige issue des surfaces imperméables et bâties, son transport, son stockage et sa libération. Avant de passer à la pratique de la réalisation de tels jardins, ce livre revient sur les bienfaits de l'eau de pluie et en particulier pour la faune et la biodiversité. Les cycles de l'eau sont aussi rappelés. Ces notions aboutissent logiquement à la celle de biorétention et en particulier aux toitures végétalisées et aux captages des eaux de ruissellement. Pour passer à la pratique, ces toitures végétalisées sont détaillés, à l'appui de coupes techniques, qu'il s'agisse de procédés commercialisés ou de réalisations à mener soi même. Des sélections de plantes en facilitent la mise en œuvre comme les Sedum mais pas uniquement. D'autres exemples passés en détails illustrent les thèmes du stockage de l'eau (tonneaux, chaînes de pluie, rigoles, bassins d'orage) ou encore les noues ou les sols filtrants. Enfin, les auteurs s'attachent à passer à la phase pratique de la réalisation d'un « jardin de pluie », à partir de sa conception en prenant en compte notamment la topographie, le sol, la végétation et la réalisation du plan. Tout ce livre bénéficie d'une iconographie fouillée avec de nombreux dessins montrant par exemple la chaîne des pluies d'orage en secteur résidentiel ou commercial. Des photographies prises aux Etats-Unis et en Europe du Nord permettant d'apprécier des exemples de jardins ayant déjà fait leur preuve. Quelques études de cas sont détaillées à l'appui de plans comme pour la célèbre Samuel Paley Plazza à New York (Etats-Unis) du paysagiste Robert Zion avec son mur d'eau de 6 mètres de haut dont la brume rafraîchit l'espace. Un dernier chapitre propose une sélection de plantes adaptées (herbacées, graminées, arbustes et arbres). Chacune d’elles est consignée dans un tableau reprenant ses noms communs et scientifiques, son origine, sa taille, sa couleur, son époque de floraison, son exposition et sa gourmandise en eau (caractères mouilleux, humides, mésiques et secs). Ce livre aide à imaginer le paysage de demain qui prendra nécessairement en compte la gestion raisonnée de l'eau. Sur le même sujet des jardins économiques en eau, cette lecture peut-être complétée par celle de quatre autres ouvrages également présentés au sein de cette même rubrique Internet : « Pour un jardin sans arrosage » d’Olivier Filippi, « Un jardin sans arroser » de Nathalie Payens, « Jardin sans eau ! » de Brigitte Lapouge et « Le guide malin de l’eau au jardin, écologie et économie » de Jean-Paul Thorez.