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Le Douanier Rousseau, jungles à Paris

   
Auteur : Ouvrage collectif sous la direction de Christopher Green & Frances Morris
Editeur : Réunion des musées nationaux
Date de dépôt : mars 2006

Quelle raison de faire figurer sur ce site Internet consacré aux jardins, des livres sur le Douanier Rousseau ? Outre le fait que sa tombe se trouve dans le jardin de la Perrine à Laval (Mayenne), ce peintre hors du commun a beaucoup été inspiré par les jardins et notamment le jardin des Plantes* (Paris). Surnommé le « Douanier » en raison de son poste d'employé de l'octroi à Paris en bord de Seine, Henri Rousseau (1844-1910) est un peintre remis à l'honneur au cours de l'année 2006. Bien plus qu'un naïf, comme certains le considèrent toujours, il est surtout le concepteur d'un univers qui n'appartient qu'à lui et en particulier dans une série de toiles dites les « jungles », dans lesquelles il fait preuve de créativité et d'humour. Du 15 mars au 19 juin 2006, se tenait dans le cadre du Grand Palais (Paris) l'exposition « Le Douanier Rousseau, jungles à Paris », reprise de celle initiée par la Tate Modern de Londres (Angleterre). Douze « grandes jungles » étaient alors exposées. Natif de Laval (Mayenne), après avoir été grouillot chez un avoué à Angers (Maine-et-Loire), puis militaire, Henri Rousseau s'installe à Montparnasse (Paris) en 1868. Autodidacte sur le tard puisqu'il commence à peindre à l'âge de 46 ans, peintre du dimanche, sa première clientèle se compose d'artisans et de commerçants voisins. Peu apprécié de son vivant, il est reproché à sa peinture un manque d'académisme et une absence de perspective montrant son inexpérience. Il est à noter qu'il est contemporain des impressionnistes, mais surtout un ami de Robert Delaunay et de Guillaume Apollinaire, qui criait au génie et lui dédia « Ode à Rousseau » en 1908, également auteur de l'épitaphe gravée sur sa tombe du jardin de la Perrine. Oubliés les sarcasmes, il est aujourd'hui considéré comme un des précurseurs du primitivisme au même titre que Paul Gauguin. D'ailleurs, il se qualifiait lui-même de « primitif moderne ». Nombreuses sont les personnes ignorant qu'il fut, après Georges Seurat (1889), le deuxième à avoir peint la Tour Eiffel. Il est aussi reconnu pour ses talents de coloriste. C'est donc justice que le grand public, grâce à cette exposition d'envergure, puisse découvrir un peintre à l'œuvre encore méconnue mais d'une incroyable richesse, telle que l'avait perçue Pablo Picasso ou encore Alfred Jarry qu’il héberge. Ces « jungles » sont donc l'occasion de découvrir un artiste atypique passionné par l'exotisme. Selon une fable imaginée par Guillaume Apollinaire, il laissait parfois croire qu'il avait fait partie d'une expédition au Mexique, mais la vérité est tout autre. Sans avoir jamais quitté la France, les « jungles » oniriques du Douanier ont toutes été peintes à Paris et dans sa banlieue. Sans avoir jamais voyagé, l'exotisme de ses toiles est sidérant. Un cadre idéal d'inspiration pour Henri Rousseau est l'Exposition universelle de 1889 avec notamment des reproductions de scènes exotiques. De nombreux documents photographiques et divers plans et catalogues restituaient au Grand Palais l'ambiance de cet événement majeur. Sur deux étages, la scénographie de l'exposition a permis de découvrir une succession d'une cinquantaine de tableaux dont douze « jungles », quelques dessins et de nombreux documents d'archives [photographies d'Eugène Atget (comme « Jardin du Luxembourg, monument à Delacroix, 1903 »), gravures, cartes postales anciennes des jardins de Paris (bois de Vincennes*, bois de Boulogne*, jardin des Plantes, jardin d'Agronomie tropicale*)...]. Il est donc un peintre inspiré par les images de son temps. Parmi les toiles exposées se remarquent « Surpris ! » (1891), « La guerre » (1894), « La bohémienne endormie » (1897), « La liberté invitant les artistes à prendre part à la 22e exposition de la Société des Artistes Indépendants » (1905-1906), « Combat de tigre et de buffle » (1908), « Cheval attaqué par un jaguar » (1910), « Joyeux farceurs » (1906), « La charmeuse de serpents » (1907), « Le rêve » (1910)... L'exposition mettait aussi en avant les sources d'inspiration du Douanier avec notamment des vues du Paris du XIXe siècle, époque d’un fort engouement pour l'exotisme, sous la forme d'albums, de journaux, de films d'époque... En effet, la végétation et la faune de ses « jungles » lui ont été inspirées par les serres tropicales du jardin des Plantes qu'il arpentait, mais aussi le jardin d’Acclimatation (Paris) créé en 1860. L'exposition du Grand Palais rassemblait des éléments ayant inspiré le peintre tel le groupe d'animaux naturalisés (diorama) « Lion du Sénégal terrassant une antilope », préparé à l'occasion de l'ouverture des galeries de zoologie en 1889 du Muséum national d'histoire naturelle, qui est reproduit quasiment à l'identique dans sa toile « Le lion ayant faim se jette sur l’antilope » (1905). Le catalogue de l’exposition reprend ainsi la présentation des « jungles » à Paris, les souvenirs du jardin des Plantes comme la sculpture « Lion et cadavre » d’Alfred Jacquemart (1824-1896), situé en son sein et dont la pose du lion se retrouve très nettement dans celui de « La bohémienne endormie » (1897). Le chapitre « Souvenir du jardin des Plantes, rendre l'exotique étrange à nouveau » évoque justement l’impact du site sur le peintre tandis que le chapitre « Paysages français » est consacré à ses œuvres des abords de Paris et de la Seine et notamment dans les parcs à l’instar des tableaux « Le jardin du Luxembourg* » (1909) ou « Allée du parc de Saint-Cloud* » (1908)... Si les plantes de ses « jungles » sont fausses, elles sont bel et bien inspirées de celles vues dans les serres du jardin des Plantes et du jardin d’Acclimatation. Elles en sont des réinterprétations car bien que leur architecture et leurs couleurs soient propres au Douanier, ce sont des plantes d’un réalisme stupéfiant pour lesquelles il s’est appliqué avec minutie à utiliser une grande variété de verts. C’est avec cette même précision qu’il s’est attaché à représenter dans sa seconde version de « La muse inspirant le poète » (1909) des « œillets du poète » remplaçant ainsi les giroflées de la première (1908-1909). Car le Douanier est un véritable artiste avec un immense besoin de reconnaissance. Il est également professeur de dessin et de peinture, dramaturge et même violoniste (il a d’ailleurs composé pour sa première épouse « La valse à Clémence »). Le catalogue s’achève par une chronologie mettant en corrélation les dates de la vie du peintre, la vie politique, les colonies, les explorations et la vie artistique. La traditionnelle liste des œuvres exposées clôt l’ouvrage. Pour mieux comprendre le travail d’Henri Rousseau et en particulier celui des « jungles » inspirées par la végétation exotique qu'il voyait dans les serres de Paris, il est utile de se reporter dans cette même rubrique Internet aux ouvrages suivants : « Le Douanier Rousseau naïf ou moderne ? » d’Isabelle Cahn, « Le Douanier Rousseau, paysages », « Le petit Rousseau » de Catherine de Duve, « Le Douanier Rousseau, un livre tunnel » de Joan Sommers, « Le Douanier Rousseau, coloriages », « Le Douanier Rousseau, jungles à Paris, album de l'exposition » de Catherine Guillot, « Le petit journal des grandes expositions n° 390 : Le Douanier Rousseau, jungles à Paris » de Claire Frèches-Thory et Vincent Gille, « Le Douanier Rousseau » de Roger Shattuck et Michel Hoog, « Le Douanier Rousseau, le petit livre de la jungle » de Claire Frèches-Thory, « Le Douanier Rousseau, jungles à Paris » sous la direction de publication d’Alain Metternich, « Une fleur, un caillou » de France Alessi, « Dossier de l'art n° 128 : Les jungles du Douanier Rousseau au Grand Palais » sous la direction de publication de Jeanne Faton-Boyancé, « Dans l’univers du… Douanier Rousseau » de Sophie Comte-Surcin et Caroline Justin et « Le Douanier Rousseau, les chemins de l’imaginaire » de Doris Kutschbuch.

* Plus d’informations

Pour en savoir davantage sur les jardins cités dans cette notice, il suffit d’un simple clic sur les liens suivants :

Jardin des Plantes

Bois de Vincennes

Bois de Boulogne

Jardin d'Agronomie tropicale

Jardin du Luxembourg

Domaine national de Saint-Cloud



© Conservatoire des Jardins et Paysages / février 2007

 
232 pages - 36.00 €
     
   
   
   
 
   
 
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