Vendée côté jardin, promenade au cœur d’un patrimoine

2006 a été décrétée « Année des jardins en Vendée » par l'Association des parcs et jardins de Vendée (APJV), créée au lendemain de la tempête de 1999 et œuvrant depuis pour l'amélioration des connaissances et la protection du patrimoine vendéen des parcs et des jardins. A cette occasion, avait lieu du 20 mai au 15 octobre, une exposition « Vendée, côté jardin » au sein du logis de la Chabotterie à Saint-Sulpice-le-Verdon puis les 9 et 10 septembre 2006 un colloque « Regards sur les jardins » à l'Historial de la Vendée aux Lucs-sur-Boulogne, ayant ouvert en juin 2006. Ce bâtiment admirablement intégré au paysage est une création de « Plan 01 » (regroupement de quatre agences d'architecture : Atelier du pont, BP Architectures, KOZ et Philéas). C’est un musée d’un genre nouveau d’une surface de 8000 m², de verre, de béton et d'acier, remarquable par sa toiture végétalisée lui donnant un aspect de prairie s’intégrant idéalement dans les 19 hectares d'espaces naturels du site. L’exposition réunissait de nombreux objets tels que maquettes, tableaux, photographies, outils traditionnels, avec des supports écrits et des animations informatiques. Cette exposition a été l'occasion de la parution de ce remarquable catalogue de plus de 400 pages à l'iconographie très riche (documents d'archives, plans, croquis, cartes, photographies aériennes, gravures, plans aquarellés…). C'est une véritable bible traitant de l’art des jardins au fil de l’histoire d’un département comme il n'en était pas paru depuis 1992 avec « Le temps des jardins » de Florence Collette et Denise Péricard-Méa pour la Seine-et-Marne. Pour retrouver les racines de cet art des jardins, un premier article revient sur la mémoire des lieux des jardins remarquables révélée grâce à l'archéologie. Le Moyen âge est ensuite évoqué en rappelant notamment que les jardins médiévaux ont laissé une trace dans la toponymie (« Garenne au jard », « Malnoue », « L’Oucherie », « Le Pavillon »...). L’histoire se poursuit depuis la Renaissance jusqu'au XIX^e siècle. Une particularité de la Vendée est l’existence voire la subsistance des « carrés en l’île ». En effet, ces jardins caractéristiques de la Renaissance, sont entourés d'eau et leurs traces sont toujours visibles en certains lieux comme à La Sénardière à Boufféré ou encore au parc du Landreau aux Herbiers. Les jardins réguliers sont une étape suivante dans cet historique comme le parc du Boistissandeau aux Herbiers, les jardins du château de la Rousselière à Cheffois ou encore la forêt jardinée aux XVII^e et XVIII^e siècles. L'inspiration italienne du début du XIX^e siècle est abordée avec le parc de la Garenne Lemot* à Gétigné (Loire-Atlantique) en limite de la Vendée. Ce site est inspiré des parcs à fabriques et la villa par l'Italie ayant marqué les aménagements dans cette continuité esthétique et architecturale d'autres domaines de la vallée de Clisson. La naissance du jardin public en France est détaillée avec notamment l’exemple du jardin Dumaine* à Luçon avec toute une étude sur son évolution au fil des siècles. Les concepteurs de la vague paysagère du XIX^e siècle sont traités par un article de Louis-Michel Nourry, directeur du département de recherche de l’école d’architecture de Rennes, s'attachant à présenter l'œuvre de Denis et Eugène Bühler en Vendée comme le parc paysager du château des Essarts ou celui de la Salière à La Caillère-Saint-Hilaire. Dans un second article, Dominique Pinon, paysagiste DPLG conduisant des inventaires et des projets de restauration de sites et jardins anciens, analyse l’œuvre de Paul-Bernard de Lavenne, dit « comte de Choulot » et son modèle de parc agricole avec sa vision du potager basé sur les exemples du parc du château du Puy-de-Sèvre à Treize-Vents et celui de la Gaudinière à Saint-Vincent-sur-Graon. Pour ces trois paysagistes de renom, des reproductions de superbes plans aquarellés démontrent les qualités de leurs conceptions respectives. Ce mode de représentation est aussi instructif du style de paysagistes comme Dominique Noisette ou Georges Aumont. Il ne saurait y avoir d’ouvrages sur l’art des jardins sans en évoquer la vie, c’est-à-dire le monde végétal, aussi un chapitre est entièrement consacré à l'aventure botanique en Vendée. Un article d'Yves-Marie Allain, ingénieur horticole, paysagiste DPLG, inspecteur général de l'environnement et vice-président de notre association, fait le point sur l'introduction des plantes en Bas-Poitou-Vendée tandis que Catherine Vadon revient sur l'influence des ports de Nantes et de Rochefort dans l'introduction des végétaux en France. Les missions et la gestion en qualité de « parc historique » du jardin des plantes et jardin botanique de Nantes* (Loire-Atlantique) est abordé par son responsable, Claude Figureau, comme il l’a fait au cours de la première journée de « Regards sur les jardins ». La conservation et la production des plantes sont retracées à travers les orangeries et serres qui font partie du patrimoine des jardins vendéens. Au verger conservatoire de Pétré à Sainte-Gemme-la-Plaine, 280 variétés de pommes et 200 de poires sont préservées et valorisées. D’autres aspects du jardin sont explorés comme les réseaux hydrauliques avec l’exemple de celui du parc du château de l’Hermenault, les outils de jardins ou encore les charmilles. Une intéressante méditation sur l'art topiaire est signée, comme l’introduction de ce catalogue « Vendée, côté jardin », par Monique Mosser, historienne de l’architecture des jardins, responsable du master « Jardins historiques, patrimoine et paysages » à l’Ecole d’architecture de Versailles (Yvelines). De la taille à la sculpture, il n’y a qu’un pas. D’ailleurs, le jardin n’est pas réservé ni aux élites ni aux seuls paysagistes, c’est pourquoi un chapitre est entièrement consacré au rapport des artistes vendéens avec le jardin. Parmi ceux-ci, se remarque le sculpteur Jacques Bousseau (1681-1740) dont l'œuvre peut toujours s'admirer dans le domaine de Versailles et de Trianon* (Yvelines) et dans les jardins de la Granja à Ségovie (Espagne). Autres sculpteurs de renom, les frères Joël et Jan Martel, auteurs notamment des étonnants arbres en béton du jardin du square Jean Goujon (en collaboration avec Robert Mallet-Stevens), réalisé dans le cadre de l'exposition internationale des arts décoratifs et industriels (1925). Gaston Chaissac (1920-1964), fervent épistolaire notamment avec Jean Dubuffet, quant à lui, a conçu de curieux totems colorés témoignant de l’art brut dans les jardins. Autre lieu à découvrir, le jardin de la maison de Georges Clemenceau à Saint-Vincent-sur-Jard, récemment restauré par la paysagiste Françoise Phiquepal, qui fut inspiré par le peintre Claude Monet. La création contemporaine est développée à travers plusieurs exemples significatifs de jardins ouverts au public. Il s’agit des jardins du Bâtiment à Sainte-Hermine créés par le chef d'orchestre William Christie dans une ambiance maniériste franco-italienne, hollandaise du XVII^e siècle et « Arts and crafts », des jardins de Chaligny à Sainte-Pexine, de la cour d'honneur de l'hôtel du département à La Roche-sur-Yon d'Yves Brunier et Isabelle Auricoste, du jardin du logis de la Chabotterie* à Saint-Sulpice-le-Verdon, du jardin des Olfacties* à Coëx, du Potager extraordinaire à La Mothe-Achard, des jardins de la maison de la Vie rurale à La Flocellière et du jardin médiéval de Bazoges-en-Pareds. Dans la dernière partie du catalogue, après les parcs de château et les jardins publics, le paysage vendéen est analysé sous l’angle des amateurs et notamment des jardins dit familiaux. Un glossaire, depuis « B » comme banc couvert jusqu'à « T » comme Trianon, termine ce livre de référence recensant tous les objets de collection exposés durant l’été 2006 dans le cadre de cette année des jardins au logis de la Chabotterie. La Vendée est incontestablement un département avec un patrimoine hortésien dont il reste encore beaucoup à apprendre et notamment en allant visiter ces lieux souvent insoupçonnés. Dans ce dessein, il est utile de s’équiper du récent guide « Jardins en Vendée, Pays de la Loire » de Elisabeth Blin et Audrey Boisseau, également présenté dans cette même rubrique Internet, d’un format plus compatible avec celui d’une boîte à gants d’une voiture.

* Plus d’informations

Pour en savoir davantage sur les jardins cités dans cette notice, il suffit d’un simple clic sur les liens suivants :

Parc de la Garenne Lemot

Jardin Dumaine

Jardin des plantes et jardin botanique de Nantes

Domaine de Versailles et de Trianon

Jardin du logis de la Chabotterie

Jardin des Olfacties