Curiosités botaniques à Paris et en Ile-de-France

La maison d’édition Parigramme est une référence dans les ouvrages sur Paris et sa région, que ce soit sur le plan de l’histoire, de l’architecture, du patrimoine, mais aussi des modes de vie. Ce livre correspond pleinement à cette thématique. Il est dû à Anne-Marie Minvielle, journaliste, reporter-photographe spécialisée sur le patrimoine français et grande adepte de la randonnée pédestre. Il s'attache à montrer la richesse botanique de l'Ile-de-France, au sein de jardins réputés et d'autres plus secrets que cet ouvrage devrait inciter à découvrir. Jardins paysagers, arboretums, potagers, pépinières cachent en effet des plantes remarquables. Des jardins d'inspiration médiévale aux créations des plus contemporaines, tous ces lieux ont la faculté de séduire un public de plus en plus curieux pour le monde du végétal. L'engouement actuel pour les friches, lieux de vie sauvage dans l'urbanisme francilien, et pour les collections végétales sont des témoignages de cette soif de nature à découvrir. En préambule à ces découvertes, Anne-Marie Minvielle dresse une rapide histoire des jardins, en rappelant la double vocation d'un jardin botanique : scientifique et pédagogique. Elle revient sur les personnages clefs tels Joseph Pitton de Tournefort, Bernard de Jussieu, Carl von Linné, Gregori Mendel. L'histoire des jardins passe par le jardin botanique de l’Université de Padoue (Italie) et bien sûr le jardin des plantes de Montpellier* (Hérault), créé en 1593 et objet des récentes « Premières rencontres scientifiques européennes » des 19 et 20 mai 2006. La botanique n'est pas une science oubliée mais bien toujours vivante et active comme le démontre son actualité avec la récente « Charte des jardins botaniques de France et des pays francophones », les conservatoires botaniques nationaux, le conservatoire des collections végétales spécialisées (CCVS) ou encore l'association française pour la conservation des espèces végétales (AFCEV). Anne-Marie Minvielle finit son introduction avec une approche de la dénomination botanique afin de comprendre la lecture d'une étiquette dans un jardin et revient sur les obtentions, les variétés protégées, les herbiers, les flores... La richesse botanique francilienne est ensuite détaillée par départements, sites par sites avec une description des lieux considérés et les plantes à y remarquer. Mieux qu'un guide de jardins, ce livre présente en réalité des sites réputés pour leur diversité floristique et des collections de plantes tout autant diversifiées. Les lieux ont donc été sélectionnés en raison de leur intérêt botanique et non au regard de leur réputation de jardins. A Paris, sont cités le jardin des Halles* et son encore trop méconnue serre tropicale, qu'il est possible de visiter lors de la « Fête des jardins de Paris » en septembre, les jardins des Tuileries et du Carrousel* (avec des mûriers blancs, ormes) et évidemment le jardin des Plantes* (érable de Crète, jardin alpin, pistachier, serres, collection de pivoines), le square René Viviani avec son robinier faux acacia connu comme le doyen des arbres de Paris (1602), le jardin du Luxembourg* avec son jardin fruitier, son verger-conservatoire riche de 600 variétés anciennes de pommes et poires et sa collection d'orchidées. Le jardin des Serres d'Auteuil* (kaki, Pterocarya stenoptera, Firmania simplex...) qui, avec l’arboretum de l'Ecole Du Breuil*, le parc floral de Paris* et le parc de Bagatelle*, constituent le jardin botanique de la Ville de Paris et figurent tous les quatre au sein de ce guide. Des sites moins connus comme le jardin médicinal du musée de l'assistance publique sont à voir pour les plantes cultivées pour leurs vertus curatives et thérapeutiques ou encore le jardin botanique de la Faculté des sciences pharmaceutiques et biologiques dont il faut espérer la restauration de la serre. Le jardin d'Agronomie tropicale* témoigne d'un passé botanique visant à adapter les plantes en provenance des colonies. Si son état actuel est préoccupant, il en demeure que les pavillons ayant subsisté après des années sans entretien témoignent d'un riche passé et que sa restauration à l'étude par la Ville de Paris devient urgente. Pour les lecteurs souhaitant en apprendre davantage, il peut être utile de se reporter au livre « Le jardin d'agronomie tropicale, de l'agriculture coloniale au développement durable » d’Isabelle Levêque, Dominique Pinon & Michel Griffon, également présenté dans cette même rubrique Internet. A quelques kilomètres de Paris se cachent bien d'autres lieux. En Seine-et-Marne, les jardins de Vaux-le-Vicomte* à Maincy sont à redécouvrir au travers de ses récents parterres de tulipes en avril et mai. Le jardin du musée Mallarmé* à Vulaines-sur-Seine a été recréé à partir des plantes citées dans les écrits du poète ou repérées dans des photographies d’époque. A la Maison du lac à Cannes-Ecluse, un harmonieux jardin privé de 5000 m² avec potager est encore méconnu. A Donnemarie-Dontilly, le jardin médiéval monastique est composé suivant le thème de la vie et de la mort et complété depuis 2004 du jardin de la Sacristie faisant office de pépinière. Même si ce site n'est pas d'abord perçu comme un véritable jardin, Euro Disneyland à Chessy contient des richesses botaniques (chênes-lièges, eucalyptus, topiaires, arbres taillés en cubes aux abords du château de la Belle au bois dormant, le curieux labyrinthe d'Alice en Thuja plicata 'Atrovirens'). Le parc de la Sauvagerie à Varennes-sur-Seine comporte quant à lui, un arboretum de 4 hectares. Outre les célèbres jardins des Yvelines comme l’arboretum de Chèvreloup* à Rocquencourt (dont les serres tropicales sont accessibles lors de visites guidées), les jardins de Thoiry* (où en dehors de la réserve zoologique africaine, sont à apprécier le jardin d'automne de Timothy Vaughan, le jardin corail d'Harold Hillier, le labyrinthe de Poliphile d'Adrien Fisher et la bordure florale des senteurs et roseraie d'Alain Richert), le domaine de Versailles et de Trianon* (sont rappelées les récentes restitutions des parterres en gazon devant l'orangerie et des topiaires compliqués devant le bassin de Latone, l'exposition du chêne de Marie-Antoinette abattu en 2004. Rares sont encore ceux connaissant le parc de la Boucle de Montesson à Montesson avec son arboretum contenant notamment un chêne à feuilles de châtaignier (Quercus castaneifolia), un chêne de Bulgarie (Quercus falcata), un micocoulier d'Amérique (Celtis occidentalis). En Essonne, le parc de Chamarande* avec son beau hêtre pourpre et ses cyprès chauves et le parc de Courances* à Milly-la-Forêt dont la richesse botanique de son jardin anglo-japonais créé avant 1914 par Kitty Lloyd Jones ne doit pas échapper, sont des sites reconnus pour leur qualité. Mais il faut aussi découvrir le parc botanique de Launay à Orsay, riche de 2500 taxons appartenant à 428 genres et 131 familles ! Parmi ceux-ci un cyprès de Tassili (Cupressus dupreziana), un laurier de Californie (Umbellularia californica), un cyprès de Montezuma (Taxodium mucronatum)... Une visite sur rendez-vous s'impose à l’arboretum de Segrez à Saint-Sulpice-de-Favières pour son incomparable collection d'arbres rares. Marcel Proust ne disait-il pas à son sujet « Voir un lieu une fois, comme Segrez, peut laisser un souvenir plus important que d'en voir un autre mille fois. » [in « Les plaisirs et les jours » (1896)]. Cette collection est toujours complétée par le botaniste Franklin Picard, auteur avec Jean-Pierre Demoly du « Guide du patrimoine botanique en France », présenté dans cette même rubrique Internet. Les Hauts-de-Seine sont aussi un département avec un réel patrimoine botanique notamment grâce aux palettes végétales de sites comme les jardins du musée Albert Kahn* à Boulogne-Billancourt et le parc de la Vallée aux Loups* à Châtenay-Malabry (au remarquable cèdre bleu pleureur et à la collection de 283 espèces de convolvulacées). Ces deux jardins viennent d'être mis à l'honneur avec le lancement en avril 2006 de deux timbres postes à 1,98 euros dans la série « Jardins de France ». Le domaine national de Saint-Cloud*, quant à lui, possède la plus longue mosaïculture de France (60 mètres) et un exceptionnel mûrier à papier (Broussonetia payrifera). A quelques pas de là, le charmant jardin botanique d’Issy-les-Moulineaux mérite également le déplacement. La Seine-Saint-Denis est connue pour les murs à pêches de Montreuil-sous-Bois mis à l'honneur grâce au paysagiste Michel Corajoud. Ce dernier est le concepteur dans ce même département du parc départemental du Sausset à Aulnay-sous-Bois et Villepinte mettant en valeur la flore naturelle locale, les cultures céréalières, le marais et les plantes originaires du continent américain dans le jardin dit « des Amériques ». La roseraie Honoré Daumier* à Aulnay-sous-Bois (Seine-Saint-Denis), quant à elle, prend des allures nippones grâce aux pins sylvestres taillés « en nuages » parmi une collection de 4500 rosiers. Autre cadre de prestige pour les roses, la roseraie départementale du Val-de-Marne* à L’Haÿ-les-Roses (mis à l'honneur avec le récent « Florilège, la roseraie du Val-de-Marne à l’Haÿ-les-Roses » de Nadine Villalobos) où les feuilles froissées de certains rosiers dégagent une odeur de thé vert. Ce département est moins connu pour le jardin botanique de l'Ecole nationale vétérinaire à Maisons-Alfort, maintenu en état grâce aux efforts du passionné Lionel Roth, militant notamment pour l'arrachage du raisin d'Amérique (Phytolacca decandra), toxique pour les animaux et envahissant notamment les biotopes dunaires de la forêt de Fontainebleau (Seine-et-Marne). Dernier département de ce tour d'Ile-de-France, le Val-d’Oise, où se cachent des plantes intéressantes comme au jardin japonais du centre hospitalier du Vexin à Aincourt, aux jardins en terrasses du château d’Ambleville* (narcisses, hellébores, pivoines...), ou au parc de l’abbaye de Royaumont à Asnières-sur-Oise avec son « jardin des Neuf carrés », dû au paysagiste Olivier Damée et basé sur la philosophie et les travaux d'Hildegarde de Bingen. Ce jardin a obtenu le label « jardin remarquable » décerné depuis 2004 par le Ministère de la culture et de la communication sur des critères de composition, intégration dans le site, qualité des abords, intérêts botanique et historique, entretien, gestion... Au sein du parc naturel régional du Vexin français, les amoureux de parcs et jardins apprécieront le domaine de Villarceaux* à Chaussy (dans l'actualité littéraire avec la parution de « Patrimoine (jardins) & création contemporaine ») et le jardin de Campagne à Grisy-les-Plâtres au charme incomparable et ses centaines de variétés de vivaces dont les phlox. Toujours en Val-d'Oise, le parc de Méry-sur-Oise reste aussi à découvrir même si les jardins créés par le paysagiste Pascal Cribier ont souffert d'une période d'abandon (le livre « Méry sur Oise, un château dans l’histoire » présenté dans cette même rubrique Internet permet de mieux connaître l'histoire et le patrimoine de ce domaine exceptionnel). Anne-Marie Minvielle rappelle par ailleurs que le musée de l'outil à Wy-dit-joli-village est en restauration ainsi que son remarquable petit jardin de la Forge médiévale créé par Claude Pigeard, aujourd'hui disparu. Ce livre est décidément très complet permettant de découvrir des lieux réputés, mais aussi des merveilles insoupçonnées. Il est complété par un carnet pratique avec des adresses d'associations, d'institutions, de pépinières et de librairies spécialisées. Les principales manifestations annuelles sont recensées et complétées par un petit lexique botanique depuis « A » comme « akène » jusqu'à « V » comme « vivace ». Il est à noter que dans la même collection, vient de paraître « Découvertes insolites autour de Paris » de Dominique Lesbros, également présenté dans cette rubrique Internet.

* Plus d’informations

Pour en savoir davantage sur les jardins cités dans cette notice, il suffit d’un simple clic sur les liens suivants :

Jardin des plantes de Montpellier

Jardin des Halles

Jardins des Tuileries et du Carrousel

Jardin des Plantes

Jardin du Luxembourg

Jardin des Serres d'Auteuil

Arboretum de l'Ecole Du Breuil

Parc floral de Paris

Parc de Bagatelle

Jardin d'Agronomie tropicale

Jardins de Vaux-le-Vicomte

Jardin du musée Mallarmé

Arboretum de Chèvreloup

Jardins de Thoiry

Domaine de Versailles et de Trianon

Parc de Chamarande

Parc de Courances

Jardins et collections du musée Albert Kahn

Parc de la Vallée aux Loups

Domaine national de Saint-Cloud

Roseraie Honoré Daumier

Roseraie départementale du Val-de-Marne

Parc du château d’Ambleville

Domaine de Villarceaux