Que faire après le turbin : salon littéraire, bibliothèque ou guinguette ?

Dans le cadre du mois du patrimoine écrit, une exposition s'est tenue à l'Hôtel de Ville de Boulogne-Billancourt (Hauts-de-Seine) du 15 septembre au 15 octobre 2005. Elle revenait à partir des collections des bibliothèques, archives et du musée de la ville, sur les lieux de distraction après le travail à Boulogne-Billancourt dans les années 30. Détentrice du label « Ville d’art et d’histoire » depuis cette même année 2005, Boulogne-Billancourt est réputée pour être aussi la « Ville des années 30 » avec un musée leur étant entièrement dédié. « Se réunir et se distraire » évoque donc les salons littéraires, bibliothèques, guinguettes et bistrots à cette époque. La commune de Boulogne-Billancourt date de 80 ans, c'est en effet en 1926 que les noms de Boulogne, la bourgeoise intellectuelle, et de Billancourt, l'ouvrière populaire, sont réunis. Dans les années 30, sur Boulogne, les intellectuels reçoivent des artistes. Le sculpteur Paul Landowski (1875-1961) [« Le Cristo Redentor (1931) surplombant la baie de Rio de Janeiro du sommet du Corcovado »], installé à Boulogne depuis 1906, invite chaque premier dimanche du mois autour de lui des artistes tels Paul Valéry, Maurice Ravel, Jules Romains, Henry de Montherlant ou Elvire Popesco et les réunions finissent dans l'atelier du sculpteur pour montrer son travail en cours. Aujourd'hui la parcelle de son atelier a été transformée en Musée-jardin Paul Landowski. Dans ce décor de gazon, charmille, cerisiers à fleurs du Japon et pin pleureur de l’Himalaya, sont mises en scène des œuvres comme « David combattant » (1900, lui ayant valu le prix de Rome), « Le boxeur tombé » (1921), « L’hymne à l’Aurore » (1925), « Le cantique des cantiques » (1953) ou la « Porte de la nouvelle faculté de Médecine de Paris » (1954). Salomon Reinach (1858-1932), l'archéologue conservateur du musée de Saint-Germain-en-Laye (Yvelines), frère de Théodore, le propriétaire de la villa grecque Kérylos à Beaulieu-sur-Mer (Alpes-Maritimes), reçoit quant à lui de jeunes artistes, Thomas Mann et même le roi Ferdinand I^er de Roumanie. Enfin, le banquier Albert Kahn (1860-1940), comme le rappelle Gilles Baud-Berthier le directeur du musée départemental Albert Kahn, avec sa « Société autour du monde » réunissait de grands esprits comme Rudyard Kipling, Georges Duhamel ou Henri Bergson. Un autochrome en vis-à-vis de cet article présente le jardin japonais avec de très beaux iris du Japon et un torii, rappelant l'aspect des jardins Albert Kahn* avant leur transformation en 1988 par Fumiaki Takano. Pendant ces réunions littéraires, sur Billancourt, les ouvriers des usines se retrouvent dans les cafés, guinguettes et bals publics animés par la société municipale de musique « la Boulonnaise » se produisant dans les squares de la ville comme le square de l'Ancienne mairie (actuel square Léon Blum). L'essor de la ville à cette époque est dû à un personnage remarquable, le maire André Morizet (1876-1942). Elu pour la première fois en 1919, il fut l'artisan de la transformation de Boulogne en une grande ville moderne. Un livre « André Morizet, bâtisseur de Boulogne-Billancourt, photographie de la ville 1920-1940 » est justement consacré à ce grand maire, également présenté dans cette même rubrique Internet. Après ces articles, le catalogue reprend la traditionnelle liste des différents documents présentés lors de l'exposition : photographies et cartes postales anciennes. Parmi ces vues se remarquent l'inauguration de l'étonnant auditorium du square de Billancourt (actuel square Henri Barbusse), la guinguette « Au bon pêcheur » (chez Meunier), des vues de l'hôtel de ville dû au grand prix de Rome Tony Garnier et dans le hall duquel se déroulent de grandes fêtes... Ce catalogue rend compte de la vie sociale du début du XX^e siècle en région parisienne.

* Plus d’informations

Pour en savoir davantage sur les jardins cités dans cette notice, il suffit d’un simple clic sur le lien suivant :

Jardins et collections du musée Albert Kahn